Le toucher
Il n'était pas beau, au sens propre du terme, mais je n'ai jamais trouver qu'il y avait besoin d'une définition radicale pour ce que nous prenons plaisir à regarder.
Alors, je m'égarais sur son regard, cette transparence bleutée, pendant que le fantome de ma main dessinait la pointe de ses cils.
Nous étions condamnés à être dans la même classe pour une année, et jamais je n'aurais osé, jamais...
Un jour alors que nous chahutions, il a fait semblant de m'étrangler en posant délicatement ses doigts sur mon cou... j'ai saisi ses poignets avec la même douceur, son contact avait brulé ma peau, laissant une empreinte gorgée d'une sourde chaleur...
Nous nous sommes fixés d'un sourire amusé, puis j'ai rapidement detourné mes yeux pour ne pas laisser s'échapper l'émoi qu'il avait succité...je me suis sauvée...
j'ai repris la place que j'occupais en remettant en marche l'agrandisseur dans le labo... à la lueur des sodium, on ne pouvait plus me deviner...
Je n'aurais jamais osé lui dire...jamais... j'ai gardé un développement que j'avais fait de lui... le temps a passé, sans jaunir le papier...